Octobre 1897
N° 98
Séance du 14 Octobre 1897
À la suite de difficultés rencontrées par la police internationale dans l'accomplissement de sa tâche, et pour donner à cette police l’unité nécessaire à son bon fonctionnement, les Amiraux décident que les gendarmes turcs qui en faisaient partie et dont la solde était payée à moitié sur la caisse de la surtaxe, seront rendus au service général du Gouvernement de l’île, exception faite pour les Albanais qui resteront à la dépendance du Commandant international et dont le nombre sera, si possible, élevé à 40, ayant recours à ceux qui sont à Candie ou dans d’autres garnisons.
La solde de ces nouveaux gendarmes sera prélevée entièrement sur la caisse de la surtaxe, s'il n'y a pas d'obstacle de la part des Consuls.
Monsieur le Gouverneur général intérimaire fait savoir que l’exil de trois mois à Salonique prononcé contre 20 Musulmans, expire le 25 Octobre et qu’en conséquence, il les autorise à revenir dans leurs foyers. Les Amiraux approuvent par faveur spéciale cette mesure de Monsieur le Gouverneur général intérimaire, mais ils décident, qu'à l’avenir, il y aura lieu de leur demander l’autorisation de faire rentrer des Musulmans exilés pour un temps dont la durée ne peut être fixée.
À bord du « Sicilia », à La Sude, le 14 Octobre 1897
Le Commandant Supérieur russe signé : Felkersham
Le Commandant Supérieur de la Grande-Bretagne signé : Harry Grenfell
Le Contre-Amiral français signé : Ed. Pottier
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke
Le Vice-Amiral italien signé : N. Canevaro
N° 99
Séance du 23 Octobre 1897
Les Amiraux, inquiets des nouvelles alarmantes qu'ils recevaient de Candie et qui provenaient de différentes sources, ont écrit au Colonel Chermside pour être éclairés sur la situation.
Le Colonel a répondu que les événements qui avaient occasionné les plaintes en question étaient exagérés et ne méritaient pas d'être pris en considération ; que, d'ailleurs, l'état de la ville était parfaitement calme. Les Amiraux sont complètement rassurés par cette lettre du Colonel Chermside et considèrent comme non avenues les lettres et plaintes précitées.
Le Commandant Amoretti écrit qu'il lui est impossible de continuer le service de la censure pour les télégrammes particuliers expédiés de Crète.
C'est, dit-il, une très lourde charge qui occupe beaucoup d'officiers et pour laquelle il n'est pas suffisamment documenté quand il s'agit de faits qui se sont passés en dehors de La Canée.
Les Amiraux décident en conséquence que le service de la censure sera exercé par les Commandants militaires dans les villes occupées, par le Commandant supérieur russe à Rethymno, le Commandant supérieur anglais à Candie, le Commandant supérieur français à Sitia.
Ils se conformeront aux règles suivantes : Empêcher la transmission de dépêches dénaturant des faits politiques ou militaires, arrêter également les télégrammes qui peuvent compromettre les intérêts des nations représentées en Crète, ou qui peuvent nuire à l'accord des Puissances, y compris la Turquie et la Grèce.
Pour faire suite aux décisions prises par les Amiraux dans les séances 77 et 95 au sujet des locations des immeubles dont les locataires ont abandonné le pays, et pour permettre, en particulier, d'étudier la réclamation du sieur Caluci présentée par le Consulat d'Autriche Hongrie, Monsieur le Commandant Amoretti, d'accord avec Monsieur le Gouverneur Général intérimaire, enverra un délégué et un Chrétien s'entendre avec un délégué de Monsieur le Gouverneur général et un Musulman.
Cette Commission étudiera la requête du sieur Caluci et plus tard toutes les questions relatives aux immeubles. Les décisions seront rendues exécutoires par ordre de Monsieur le Commandant Supérieur à La Canée et ne seront présentées au Conseil des Amiraux que dans les cas où des difficultés imprévues se présenteraient.
À bord du « Nicolas 1er », à La Sude, le 23 Octobre 1897
Le Commandant Supérieur de la Grande-Bretagne signé : Harry Grenfell
Le Contre-Amiral russe signé : P. Andreeff
Le Contre-Amiral français signé : Ed. Pottier
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke
Le Vice-Amiral italien signé : N. Canevaro
Le Nicolas 1er
N° 100
Séance du 28 Octobre 1897
Les Amiraux ont reçu de Monsieur le Gouverneur Général intérimaire deux lettres datées du 25 et du 27 Octobre.
Dans la première, Monsieur le Gouverneur informe les Amiraux que la Sublime Porte a remis aux Puissances européennes une note dans laquelle elle demande la dissolution de la Commission militaire internationale et insiste pour que les inculpés de Chicalaria soient jugés par le tribunal compétent, du vilayet le plus proche de l'Empire ottoman. Vu l’urgence de cette affaire, Monsieur le Gouverneur demande aux Amiraux de vouloir bien l’honorer d'une réponse.
Dans la seconde, Monsieur le Gouverneur informe les Amiraux que des ordres nouveaux lui sont parvenus de son Gouvernement et qu'en vertu de ces ordres, tous les criminels détenus ici doivent être déférés devant le tribunal militaire de Rhodes. Il demande donc qu’il soit procédé aux dispositions de transport à Rhodes des détenus susvisés.
À la première de ces lettres, les Amiraux répondent que la note de la Sublime Porte aux Puissances demandant la dissolution de la Commission militaire internationale ne peut arrêter en aucune façon le fonctionnement de cette Commission, tant que les Gouvernements des Puissances n’auront pas donné des ordres en opposition avec l'ordonnance qui l’a instituée.
À la seconde, que les Gouvernements des grandes Puissances connaissent l'existence et le fonctionnement de la Commission militaire, que tant qu'ils ne donneront pas d'instruction contraire, les Amiraux maintiendront leurs décisions et qu'en conséquence les prisonniers devront rester à la disposition de cette Commission sous la responsabilité du Commandant militaire à La Canée.
À bord du « Sicilia », à La Sude, le 28 Octobre 1897
Le Commandant Supérieur de la Grande-Bretagne signé : Harry Grenfell
Le Contre-Amiral russe signé : P. Andreeff
Le Contre-Amiral français signé : Ed. Pottier
Le Contre-Amiral austro-hongrois signé : Hinke
Le Vice-Amiral italien signé : N. Canevaro
